Encyclopédies Thomassian

 

Nous écrire Mise à jour du 26 septembre

 

 

 

INTRODUCTION

Nous recensons dans ce dossier les séries réalistes et spécifiquement destinées aux fillettes, réalisés en Grande-Bretagne dès 1950, essentiellement à travers leurs traductions françaises (nous ajouterons cependant plusieurs bibliographies établies à partir des collections britanniques d’origine).

Mystère et aventure sont au rendez-vous de ces gentilles histoires au charme daté mais tellement rafraichissant. Les héroïnes sont victimes de personnes malveillantes mais la morale et le droit finissent toujours par triompher. N’oublions pas que le lectorat visé était un public féminin très jeune et ne perdons pas de vue le contexte et la mentalité de l’époque.
On trouve souvent des scénarios basés sur des énigmes, un vol ou une accusation injuste par exemple, obligeant l’héroïne à se transformer en un véritable détective.
Les cadres sont variés : milieu du cirque, de la danse, du théâtre, du journalisme, de l’équitation… Certains récits reprennent des thèmes « masculins » : jungle, western, espionnage, aventures historiques, Résistance…

De nombreux éditeurs français ont puisé dans ces récits, par l’intermédiaire de l’agence de presse Graph-Lit qui détenait l’exclusivité des droits (pour l’Europe entière !) sur le matériel publié par Amalgamated Press/Fleetway. Ce sont toutes ces traductions que nous tentons de répertorier le plus complètement possible dans le travail qui suit. Les contrats de vente en notre possession ont grandement facilité ces recherches (nous en avons reproduit certains).

On constatera, par l’importance de ce matériel et la qualité de certaines planches, toute la richesse de la presse enfantine britannique destinée aux fillettes durant les années cinquante et soixante. Mais on notera en même temps sa grande méconnaissance, ce secteur demeurant encore marginalisé et ne suscitant pour l’instant que peu de recherches de la part des spécialistes de la bande dessinée. Un total anonymat y règne et plusieurs auteurs n’ont pu être identifiés.
Note : le seul site fiable que nous avons trouvé sur le sujet est Catalogue-Catawiki, grâce aux contributions de Sleuth, une spécialiste extrêmement bien documentée.

Alors que certains dessinateurs font preuve de quelques maladresses dans leur traitement, d’autres démontrent un réel talent : c’est le cas par exemple de Reginald Ben Davis et de Bill Mainwaring, deux artistes au style très élégant. D’autres noms sortent du lot, comme John Armstrong, Leslie Otway ou Dudley Wynne (on en oublie !). Nous occultons volontairement tous les dessinateurs italiens ou espagnols, aux graphismes de qualité mais trop nombreux pour être cités ici.
De manière inattendue, cette recherche d’auteurs a fait apparaître des dessinateurs français ayant œuvré dans ce domaine, donc directement pour le marché anglais : Jean Sidobre, Robert Bressy, Pierre Brochard, Yvan Marié, Pierre Decomble…
Note : sur la contribution des dessinateurs italiens au marché britannique, la compilation de base a été réalisée par David Roach et Alberto Becattini dans plusieurs numéros de la revue FUMETTO.

 

LES HEBDOMADAIRES

Beaucoup de séries sont traduites de SCHOOL FRIEND, sans doute le plus marquant des hebdomadaires britanniques pour filles. Publié en mai 1950 par la Fleetway, il résistera à la concurrence de GIRL, lancé l’année suivante par le groupe Hulton Press, qui éditait déjà le journal EAGLE.
On sait que EAGLE, avec son fameux héros Dan Dare en première page, tirait à 900 000 exemplaires par semaine, ce qui a fait dire à de nombreux historiens qu’il s’agissait du plus fort tirage européen en bandes dessinées. Or, certaines sources indiquent un tirage encore supérieur (1 000 000 d’exemplaires) pour SCHOOL FRIEND, ce qui reste tout à fait plausible, ce journal n’ayant aucune concurrence dans le secteur de la bande dessinée féminine à l’époque de son lancement.

Aux côtés de SCHOOL FRIEND (1950-1965 – absorbé par JUNE), la Fleetway publiera d’autres hebdomadaires. Durant les deux décennies qui nous intéressent, il y eut principalement : 
GIRLS’ CRYSTAL (1953-1963) – absorbé par SCHOOL FRIEND.
JUNE (1961-1974) – absorbé par TAMMY.
PRINCESS (1960-1967) qui absorbera TINA (seulement 30 numéros en 1967) et deviendra :
PRINCESS TINA (1967-1973).

 

Un mot sur GIRL : contrepartie féminine de EAGLE, ce joli hebdomadaire a été en grande partie traduit dans LINE. Il possédait l’avantage de créditer ses auteurs.


Le premier numéro de GIRL

 

 

LES PETITS FORMATS

SCHOOL FRIEND publiait parallèlement un pocket : SCHOOLGIRLS’ PICTURE LIBRARY (n°1 en juillet 1957) qui se transformera en JUNE PICTURE LIBRARY au n°328 pour cesser au n°583. Nous en avons établi un listing en indiquant les correspondances avec les traductions françaises.

De même, PRINCESS possèdait son pendant en pocket : PRINCESS PICTURE LIBRARY (120 numéros parus entre 1961 et 1966). Il proposait les mêmes personnages que l’hebdomadaire mais sous forme de récits complets (voir notre listing).

Il faut souligner les belles couvertures en couleurs directes de ces pockets, dont la plupart sont restées inédites chez nous.

Note : dans nos bibliographies, nous avons utilisé les abréviations suivantes :
SCHOOLGIRLS’ PICTURE LIBRARY : SGL
SCHOOLFRIEND PICTURE LIBRARY : SFL
PRINCESS PICTURE LIBRARY : PPL

 

LES ANNUALS

Ces ouvrages cartonnés et au papier de meilleure qualité, publiés une fois par an au moment des fêtes de Noël, étaient destinés à être offerts en cadeau sous le sapin. Ils alternaient séries dessinées et textes illustrés. Là aussi, on retrouvait les héroïnes du journal dont l’Annual était issu.
Note : conformément à l’usage, les récits en bandes dessinées sont rarement signés dans ces Annual. Par contre, les illustrations de nouvelles portent parfois une signature, ce qui a permis d’identifier certains dessinateurs.

 

LE SECOND LECTORAT FÉMININ

Tout ce qui précède concerne un lectorat constitué de fillettes, âgées d’environ 8 à 14 ans si l’on tient compte du contenu de l’histoire et du style de dessins. Les relations entre garçons et filles étaient de la pure camaraderie, aucune connotation sexuelle ni même sentimentale n’étant permise, et l’on peut penser que les rédacteurs en chef de ces revues y veillaient scrupuleusement.

Visant un public féminin plus âgé, la Fleetway (et son concurrent direct D.C. Thomson) créérent un autre marché, celui des romances. Les héroïnes y sont des jeunes filles en quête du grand amour et elles y parviennent malgré l’adversité, le récit se terminant généralement par un baiser ou un mariage. Le ton est nettement plus adulte mais les histoires restent évidemment chastes (ce n’est pas Elvifrance !). Toute une école de dessinateurs espagnols s’est brillamment illustrée dans ce domaine. Le spécialiste en est David Roach : voir son très bel ouvrage « Masters of Spanish Comic Book Art », ainsi que sa contribution au site Deskartes Mil.

Comme précédemment, il existe des hebdomadaires et des collections de récits complets spécialisés dans les romances.

Citons quelques journaux :
MARILYN (1955-1965)
MIRABELLE (1956-1977)
VALENTINE (1957-1974)
Il y a eu quelques traductions à la S.P.E. (15 ANS), chez Aventures et Voyages (SHIRLEY et SPÉCIAL SHIRLEY : voir l’encyclopédie Aventures et Voyages n°4) et aux éditions Artima/Arédit (sur lesquelles s’est penché Tristan Lapoussière : voir le forum pimpf).

 

Citons également quelques collections de pockets (nous avons établi des essais de listing pour certaines d’entre elles, qu’il conviendra de compléter) :

Fleetway :
CONFESSIONS LIBRARY (1959-1960) devenu : ROMANTIC CONFESSIONS PICTURE LIBRARY (1961) / 65 numéros
FAMOUS ROMANCE LIBRARY (1956-1961) / 168 numéros
LOVE STORY LIBRARY (1952-1976 ?) / 1656 numéros
VALENTINE LIBRARY (1960-1961) / 26 numéros
TRUE LIFE LIBRARY (1954-1971) / 769 numéros

 

 

 

D.C. Thomson :
BLUE ROSETTE ROMANCES (1959-1965)/79 n°
GOLDEN HEART LOVE STORIES (1957-1965)/97 n°
LOVE AND LIFE LIBRARY (1957-1965)/97 n°
SILVER MOON ROMANCES (1958-1965)/86 n°
Ces quatre titres se sont poursuivis dans la collection STAR LOVE STORIES (1965-1990)

 

Il existe de nombreux autres titres, notamment chez D.C. Thomson, mais une grande partie de ce matériel n’a pas été traduit en France et sort donc du cadre de cette étude.

Notons qu’en dehors des romances, les scénaristes utilisaient des thèmes très variés. Pour prendre un seul exemple, le journal MISTY (1978 à 1980) était axé sur des histoires d’horreur ou de paranormal. Les éditions Delirium en ont publié une anthologie en 2018.
Note : MISTY était la réplique de la Fleetway à l’hebdomadaire SPELLBOUND publié par le concurrent direct D.C. Thomson en septembre 1976.